Pensées et Actions sociales de l’Eglise – de Joël THORAVAL

Pensées et Actions sociales de l’Eglise – de Joël THORAVAL

Coll Paroles et silence 2014

Il s’agit d’un livre un peu particulier, écrit par un ancien préfet qui fut ensuite président du Secours catholique, et qui consiste à expliquer, de façon quasi scolaire, ce qu’est la Doctrine sociale de l’Eglise (DES).

L’auteur organise son ouvrage en  5 présentations :

Un florilège de textes

Son histoire

Les fondements

Sa mise en pratique

Ses acteurs

La partie la plus intéressante pour moi est celle consacrée aux fondements

Les florilèges

Sur les 50 pages de texte, je retiens plus spécialement :

Gaudium et spes 1965-/ 25-1 : la personne humaine qui, de par sa nature même, a absolument besoin d’une vie sociale, est et doit être le principe, le sujet et la fin de toutes institutions. »

Pie XI Quadragesino Anno 1931 / 88 Plus parfaitement sera réalisé l’ordre hiérarchique des divers groupements selon le principe de la fonction de subsidiarité de toute collectivité, plus grandes seront l’autorité et la puissance sociale, plus heureux et plus prospère l’état des affaires publiques

Jean XXIII Mater et Magistra 1961/ 219 : Le principe essentiel de la doctrine sociale de l’église catholique est que l’homme est le fondement, la cause et la fin de toutes les institutions sociales

Paul VI/ populorum progressio 1.4 :  le développement…, pour être authentique, doit être intégral, c’est-à-dire promouvoir tout homme et tout l’homme »

Jean-Paul II/ Sollitudo rei socialis 41 (sorte de définition de la DES) la doctrine sociale de l’église n’est pas « une troisième voie » entre le capitalisme libéral et le collectivisme marxiste, ni une autre possibilité parmi les solutions moins radicalement marquées : elle constitue une catégorie en soi. Elle n’est pas non plus une idéologie mais la formulation précise des résultats d’une réflexion attentive sur les réalités complexes de l’existence de l’homme dans la société et dans le contexte international à la lumière de la foi et de la tradition ecclésiale… Elle a donc pour but d’orienter le comportement chrétien.

Benoît XVI Caritas in Veritate 2009  7 : A côté du bien individuel, il y a un bien lié à la vie en société : le bien commun. C’est le bien du « nous tous »… C’est une exigence de la justice et de la charité.

Idem 34 : L’être humain est fait pour le don. L’homme moderne est parfois convaincu à tort d’être le seul auteur de lui-même, de sa vie et de la société.

Idem 42 : La vérité de la mondialisation comme processus et sa nature éthique fondamentale dérivent de l’unité de la famille humaine et de son développement vers le bien. Il faut donc travailler sans cesse afin de favoriser une orientation culturelle personnaliste et communautaire du processus d’intégration planétaire qui soit ouvert à la transcendance.

Idem 51 : une sorte d’écologie humaine, comprise de manière juste, est nécessaire…. Quand l’écologie humaine est respectée dans la société, l’écologie proprement dite en tite aussi avantage.

L’histoire de la DES

De la page 71 à la page 74, l’auteur rappelle le contexte historique, social et économique de la fin du XIXème siècle et les positions de nombreux penseurs catholiques qui s’élèvent contre la fermeture de l’église vis-à-vis du monde moderne, symbolisée par l’encyclique Quanta cura de 1864 et le Syllabus qui énumère les 80 erreurs du monde moderne.

Le coup d’envoi de la DES est donné par l’encyclique Rerum novarum de Léon XIII du 15 mai 1891.

L’auteur  analyse l’évolution des textes romains (encyclique, lettres) en 5 périodes :

De 1891 à 1931 ; du lancement de la DES jusqu’à la crise de 29 (avec Léon XIII et Pie XI)

De 1937 à 1941 le choc des idéologies et la 2ème guerre mondiale ( avec Pie XI et Pie XII)

Les années 1950-1970, les 30 glorieuses (avec Jean XXIII et Paul VI)

De 1979 à 2005 avec le règne de Jean-Paul II

De 2005 à 2013 avec Benoît XVI et François

Les fondements

L’auteur nous les présente en 20 pages p 125 à 143)

1° Il y a 3 types de fondements

  • Théologique et spirituel (p 126) l’incarnation du Christ et le commandement de l’amour font de la vie sociale un élément essentiel de la vie humaine
  • Pastoral (p127) En tant que « experte en humanité », l’église a à intervenir, sur un plan religieux certes, sans imposer, pour favoriser l’authentique croissance de l’homme
  • Moral (p130). Le laïc chrétien doit s’engager dans la cohérence entre sa vie spirituelle et sa vie séculière, par référence à la Parole de Dieu et en pratiquant le discernement, c’est-à-dire en recourant à la prudence ;

2° Il y a 4 principes d’action (p132 et s)

  • Le respect de la dignité de la personne humaine. La loi naturelle et divine est gravée dans la conscience de la personne humaine. Le fondement de toute société réside dans le principe que tout être humain est une personne, c’est-à-dire une nature douée d’intelligence et de volonté libre. Par là il est sujets de droits et de devoirs, découlant les uns des autres : aussi sont-ils universels et inaliénables (Pacem in terris)
  • La destination universelle des biens : les biens de la Création doivent affluer entre les mains de tous. C’est un droit naturel, prioritaire, ayant valeur normative et morale. Si la propriété est un droit naturel, prolongement de la liberté humaine, elle n’est un droit ni absolu, ni intouchable car il est subordonné à celui de l’usage commun
  • Le bien commun ‘cf Mater et Magistra) : « le bien commun, c’est l’ensemble des conditions sociales permettant à la personne d’atteindre mieux et plus facilement son plein épanouissement » Il concerne les besoins tant matériels que spirituels. Sa mise en œuvre concerne l’individu, les institutions au-dessus de lui (de la famille à l’Etat), et la communauté internationale/ Pape françois «  ‘autorité vient de Dieu pour être au service du bien commun ».
  • La trilogie : subsidiarité, solidarité et participation :

3° 4 valeurs de référence : vérité, liberté, justice et charité.

L’auteur conclut en citant le pape François « Dans la modernité, on a cherché à construire la fraternité uniquement entre les hommes, en la fondant sur leur égalité. Peu à peu cependant, nous avons compris que cette fraternité, privée de la référence à un Père commun comme son fondement ultime, ne réussit pas à subsister. Il faut donc revenir à la vraie racine de la fraternité… L’histoire de la foi depuis son début est une histoire de fraternité. La lumière du visage de Dieu s’illumine à travers le visage du frère » (Lumen fidéi)

La mise en pratique (p 147 et s)

L’auteur analyse 12 grands problèmes de la société (famille, travail, écologie, paix, etc..) au regard de la DES. S’y référer en cas par cas.

Je note, par exemple :

L’autre nom de la paix est le développement (Centesimus Annus- Jean Paul II)

Tout l’empire de la nature est ordonné à la conservation de l’homme (Pie XII – 1941) et « nous sommes gardiens de ma Création, du dessein de Dieu inscrit dans la nature, gardiens de l’autre, de l’environnement ; ne permettons pas que des signes de destruction et de mort accompagnent la marche de notre monde » (Pape François 19 mars 2013)

Pour Jean-Paul II, à la racine des maux de la société, il y a des éléments de caractère éthique et moral qui interfèrent avec les réalités sociopolitiques. Ce sont ce qu’il appelle les « structures de péché : idolâtrie de l’argent, du pouvoir, idéologie, etc…

« l’Eglise a le devoir de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l’Evangile ( Gaudium et Spes)

Les acteurs (p193) :  L’auteur distingue le clergé, les fidèles laïcs, les « hommes de bonne volonté »

Commentaire personnel : L’auteur fait œuvre de pédagogie avec un esprit de grande bienveillance. On ne trouvera donc pas dans cet ouvrage la moindre critique ou remarque. Mais, pour le lecteur qui cherche à mieux connaître la DES, l’ouvrage est très clair, très accessible et démontre la grande cohérence, la permanence et, en même temps, la capacité d’évolution de cette réflexion en montrant bien comment elle se précise au fil des encycliques et messages des papes.

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Patrice Obert

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