Jacques-Benoît RAUSCHER – Les frontières d’un discours- Les papes et l’accueil de l’étranger

Jacques-Benoît RAUSCHER – Les frontières d’un discours- Les papes et l’accueil de l’étranger

Le cerf -2024

Voilà un livre essentiel pour les catholiques qui réfléchissent sur l’immigration et cherchent à définir une ligne de crête qui permette un accueil humain. Je renvoie à l’interview de l’auteur paru dans A VIF de La Croix du lundi 10 juin page 19.

L’auteur part du constat que les positions officielles du pape désarçonnent de nombreux catholiques. Il a pour projet d’expliquer que la question de l’immigré, de l’étranger, a été traitée depuis très longtemps dans l’église, d’une part en s’appuyant sur les figures de l’ancien testament ( l’étranger- pauvre ;  l’étranger riche – je préfèrerais d’ailleurs sage que riche ; l’étranger-icône, mais aussi l’étranger-menaçant)  mais aussi sur la vision issue du Nouveau testament, d’autre part en examinant la position de l’église au cours de l’histoire, mise en forme  dans la DES ( Doctrine sociale de l’Eglise), avec la figure du migrant-travailleur  au XIXè siècle, puis du migrant-réfugié politique au XXème et enfin des migrants pluriels au XXIè.

Ce discours varie au fil du temps selon que l’église s’adresse à ses propres membres ou à la société dans son ensemble, suivant qu’elle parle du présent dans une approche politique ou qu’elle se situe à l’horizon du temps dans une approche prophétique.

Ainsi, jusqu’au XVIè siècle , l’idée est  « d’accueillir largement mais pas sans condition » tandis qu’ensuite, il s’agit davantage de « laisser circuler », soit au nom d’une origine commune, soit en raison d’une fin spirituelle.

Son constat est que l’église cherche à énoncer un projet originel ( faire circuler tous les hommes pour correspondre à la volonté du Créateur) et un idéal (rencontrer l’étranger est une façon de rencontrer Dieu) en délaissant une réflexion sur la pratique et sans donner d’aide au discernement ( p 110/111).

 L’auteur cherche alors comment identifier des critères, non pour apporter des solutions clé en main, mais pour  faciliter ce discernement. Le propos devient un peu plus compliqué car il va chercher chez Saint Thomas d’Aquin une réflexion relative d’une part à la notion de propriété, d’autre part à la notion  de culture et de lien social. Il vaut le coup de suivre J-B Rauscher dans son analyse. Un de ces grands mérites est la clarté. Il  présente de nombreux résumés qui sont autant de points de synthèse pour nous aider à le suivre. Trois critères se distinguent : la nécessité, l’urgence et la pluralité des vocations (143 et 175). Les développements sur « droit de propriété/droit naturel/biens communs » ou sur  « droits de l’Homme/défense d’une culture » sont tout à fait  intéressants.

Pas de recette, en conséquence, mais un éclairage indispensable pour nous aider, aujourd’hui, là où nous sommes, à élaborer une position le plus juste possible.

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Patrice Obert

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