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Ce livre manquait. Clotilde Brossollet l’a écrit et c’est un grand mérite. Elle fait un tour d’horizon de la question de l’engagement politique des catholiques en 7 chapitres.
Le chapitre 1, sur « une relation discrète fondée sur la méfiance », donne un panorama rapide mais juste de qui sont les catholiques, ceux de droite, ceux de gauche (sans oublier les Poissons Roses, une fois n’est pas coutume !), soulignant la faiblesse de la tradition démocrate-chrétienne en France et évoquant l’engagement catholique de certains nouveaux élus Verts.
Le chapitre 2 évoque le principe de l’engagement politique, soulignant la double appartenance, citant la fameuse Lettre à Diognète et l’encyclique Au milieu des Sollicitudes de Léon XIII (1892) avant de citer le pape François. La politique comme forme la plus haute de la charité. Ce panorama aurait pu être associé au chapitre suivant, puisqu’elle remonte à Aristote, Saint Thomas d’Aquin, Jacques Maritain, Jean-Paul II et sa dénonciation des structures de péché.
Le chapitre 4 traite de la Doctrine sociale de l’église et en rappelle les éléments majeurs et toute son actualité, trop peu connue. Il se termine de façon surprenante mais intéressante par la crise des Gilets Jaunes, « occasion manquée ».
On saluera le chapitre 5 qui traite de la laïcité, revient sur J Maritain et sa distinction « en chrétien » et « en tant que chrétien », évoque la note doctrinale à destination des catholiques en politique, souligne quelques points non négociables et le « tout est lié » de François.
Le chapitre 6 traite de l’éthique de l’action politique, faisant référence au « non possumus » des apôtres Pierre et Paul, à la figure de Thomas Moore, patron des hommes politiques, et aux 4 principes impulsés par François.
Enfin, le chapitre 7 se veut pratique et donne des conseils concrets pour un engagement sur le terrain, en vue de participer à des élections locales.
Ce petit livre ne se veut pas une somme théologique, mais il a le mérite de rappeler les difficultés et le malaise que bien des catholiques ressentent vis-à-vis de la politique, un mélange d’attirance et de distance. Il rappelle opportunément la parole de l’église sur la nature de cet engagement et il permettra à ceux qui sont intéressés de « creuser » davantage. Certes, certaines formules font crisser les dents, notamment sur « la royauté sociale du Christ ». Venant sans doute de la droite, mais sachant être objective, Clotilde Brossollet nous donne un outil précieux. On peut regretter qu’elle ait zappé Emmanuel Mounier, mais on se rattrapera sur ce point en lisant le livre que Jacques Le Goff lui consacre aux PUR « Emmanuel Mounier, d’hier à aujourd’hui ».
Voici un livre que je recommande vivement. En cette période troublée marquée par une poussée de l’abstention, il réaffirme que l’engagement politique est une forme majeure de la charité, à partir du moment où il est « au service » du bien commun et du respect de chaque personne.