Fin de vie en République – Avant d’éteindre la lumière, d’Erwan Le Mordhedec

Fin de vie en République – Avant d’éteindre la lumière, d’Erwan Le Mordhedec

2022 Le cerf

Dans ce livre, Erwan Le Morhedec s’interroge sur les projets de législation en matière de fin de vie et analyse en quoi ils contredisent les principes de liberté, d’égalité et de fraternité. Un glossaire ( p 205) donne la définition des termes euthanasie, assistance au suicide, suicide assisté, sédation ( proportionnée/ profonde et continue), soins palliatifs.

P174 et s : rappel de l’histoire des soins palliatifs en France, de 1972 à la loi Clayes-Léonetti de 2016.

Liberté :

 On garde sa dignité jusque dans sa fin de vie.  Toute la question est de savoir comment le patient pourra garder sa liberté sous la pression familiale et médicale. La phrase « je veux mourir » signifie souvent « je ne veux plus vivre en souffrant »

Dans un système d’euthanasie, se posent les questions du champ d’application, du nombre de consultation obligatoire, de la durée d’exécution et du contrôle a posteriori. Avec notamment qui contrôle le contrôleur (cf l’exemple belge développé pages 63 à 79) si tant est que la rhétorique libérale-libertaire accepte l’idée même d’un contrôle et d’un encadrement. Cf notamment page 69 sur les 4 critères mentionnés dans l’article 3&1 de la loi belge du 28 mai 2002.

Cf  page  84 : la discussion sur « l’exception d’euthanasie », qui permettrait de maintenir le caractère transgressif de l’acte en exigeant  un accord spécifique au cas par cas, hypothèse refusée par l’auteur.

Sur la France :  p 87 et s

 E Le M conteste le chiffre de 4000 euthanasies clandestines par an (p88)

Ambiguïtés des propositions de loi[1] sur le champ (fin de vie ; douleur physique ou morale), délai  (p 92), contrôle  ( p 94 et s)

Cette question concerne le patient ( cf ci-dessus) , mais aussi le soignant (p 102 et s, avec la question de l’objection de conscience) et le citoyen.

 E L M examine les cas particuliers qui se sont posés dans les médias : Chantal Sébire, Vincent Humbert, Rémy Salvat, Vincent Lambert ( p 120 et s)

 «p 96 : « le consentement devient le critère ultime de détermination du Bien et du Mal d’une société qui se refuse majoritairement à distinguer un Bien supérieur » thèse de E le M. ce qui finalement renvoie la responsabilité sur l’individu

L’égalité : 4 arguments sont avancés par l’auteur

  1. Le faux argument de l’inégalité (p 132). Sur la question du coût qui entraine des déplacements en Belgique . or, il n’y aurait environ que 45 cas en 2018 et 2019, dont moins de la moitié de Français, soit environ 10 personnes /an.
  2. Sur les économies potentielles, évaluées à environ 165 millions/an
  3. Sur une vision parisienne et médiatique (p143)
  4. Sur la vraie inégalité ; le manque d’effort en faveur des soins palliatifs en référence à la loi n°99-477 du 9 juin 1999 visant à garantir le droit à l’accès aux soins palliatifs et à l’objectif, non atteint, d’ « un lit identifié en soins palliatifs pour 100.000 habitants »

Fraternité

Dans cette troisième partie, l’auteur présente des expériences de soins palliatifs. Cf notamment page 166. Il cite deux livres de Marie de Hennezel La mort intime 2007 et L’adieu interdit 2021 ( sur les décès intervenus pendant la Covid). L’objectif des soins palliatifs est de soulager les douleurs physiques et les autres symptômes, mais aussi de prendre en compte la souffrance psychique, sociale et spirituelle en s’adressant au malade en tant que personne ( cf glossaire).

Il s’agit (p 160) de faire en sorte que les mystères de l’agonie puissent se déployer, « ajouter de la vie aux jours quand on ne peut plus ajouter des jours à la vie »

La manière de mourir est un héritage pour les proches (p 172 et s)

L’auteur s’interroge en fin de livre :

  1. (p187) sur ce qu’est « une bonne mort » , « celle qui nous laisse en paix, ainsi que nos proches, celle qui permet en somme que tout soit accompli »
  2. Sur les limites d’une légalisation de l’euthanasie ou du suicide assisté, en citant les avis et étude du Comité national d’éthique (Avis N° 121 du 30 juin 2013) et du Conseil d’Etat (11 juillet 2018)
  3. Il cite (p 191) le Dr Anne de la Tour « La légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté repose sur l’exigence d’autonomie. Les soins palliatifs, eux, conjuguent l’éthique d’autonomie avec l’éthique de vulnérabilité et de solidarité collective. Ils préviennent et soulagent les souffrances alors que l’euthanasie vise à hâter la mort intentionnellement. Les soins palliatifs sont un traitement, l’euthanasie est un geste mortel »

 Il conclut toutefois en se demandant si on doit se résigner à une législation qui se profile, « sans doute trop cohérente avec notre société efficace et techniciste, orpheline de toute transcendance » p 204.

NB A noter son réquisitoire contre les positions de la Gauche en la matière ( p 127, 138 et 140) : la liberté revendiquée opprimera d’abord les plus fragiles, pauvres et seuls, qui ne sauront pas résister à la pression extérieure, en particulier dans les EHPAD où on peut craindre une hécatombe de décès


[1] Proposition de loi Falorni n°288 donnant le droit à une fin de vie libre et choisie du 17 octobre 2017

Proposition de loi n°3806 visant à garantir et renforcer les droits des personnes en fin de vie du 26 janvier 2021

Loi Clayes-Léonetti du 2 février 2016

crédit photo : famille chrétienne

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Patrice Obert