sous-titre :Leçons de dix ans de politiques écologiques depuis l’accord de Paris
Voici un livre indispensable, puisqu’il dresse le bilan de dix ans de politiques écologiques, comme l’indique le sous-titre. Mais aussi un livre de référence car il balaie avec compétence, intelligence, clarté et humilité le rôle des acteurs, des institutions, des politiques publiques en expliquant posément ce qui a été tenté, mis en œuvre, réussi et raté au regard de ce qu’il faudrait faire pour échapper à la crise majeure que représente la menace écologique. Un livre enfin incontestable car écrit par une personne qui conjugue deux qualités rares, celle d’avoir été et d’être restée une militante de l’environnement et celle d’avoir été une actrice au cœur du système de décision.
Que vous soyez convaincu par la nécessité d’inventer un « autre monde » ou sceptique par rapport à toutes les mesures prises, que vous soyez un responsable public, au niveau national ou local, un chef d’entreprise, un fonctionnaire, un défenseur acharné de l’environnement ou un citoyen ordinaire, la lecture de ce voyage dans les coulisses vous intéressera.
Les enjeux se résument à un constat glaçant ( p 22) : « plus de la moitié du PIB mondial repose sur des services rendus gratuitement par la nature ». Or nous ne savons pas bien nous organiser pour prévenir le choc colossal annoncé : mauvaise gestion du temps, préempté par le court terme, sous-estimation des mutations nécessaires, manque de communication et de co-construction, instabilité de nos structures de décisions et de nos outils, verticalité du pouvoir, manque de formation des acteurs. La liste est longue de nos manques. Malgré tout, ces dix dernières années, une planification écologique a été mise en place et des avancées significatives réalisées. Marine Braud évoque les différents sujets et c’est passionnant de comprendre pour chacun la genèse, les modalités retenues, les réussites et l’analyse des échecs : Ecotaxe (p61), interdiction des néo-nicotinoïdes (62), passoires thermiques (63), Fonds Vert (73), fin des ventes des moteurs thermiques (75 et s), glyphosate (86 et s), reporting durabilité (137), ZAN[1] (142 et s), Temu et Shein (163), convention citoyenne (171 et de 183 à 192), ZFE (de 193 à 203). La mise en place du Secrétariat Général pour la Planification Ecologique est longuement évoquée (p 53, 181, 183 et s, 233) et, si l’action d’E Borne est saluée, les désintérêts des Premiers ministres suivants sont dénoncés (68 et s).
Marine Braud mentionne les quatre conditions pour mener des politiques écologiques en démocratie (109 et s) : l’honnêteté intellectuelle, la compréhensibilité, l’attention aux freins psychologiques, la coconstruction. Elle ébauche le carré institutionnel à conforter : le secrétariat général pour la planification écologique, un Haut conseil pour le climat renforcé, l’action des juges et la consécration par la Constitution. Elle décrit enfin son rêve, la mise en place d’une véritable Sécu verte, terme qui aurait d’ailleurs pu donner son titre à ce livre, qui est indispensable pour comprendre la nécessité et les difficultés du combat écologique.
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[1] Sur le sujet du Zéro Artificialisation Net, voir aussi la brochures « ZAN tensions territoriales et sociales » publiée par le Pacte civique, Jacques <André éditeur, 2025 12€