Ils demandaient l’asile, d’Yves Medina, ed. Temporis

Ils demandaient l’asile, d’Yves Medina, ed. Temporis

Le sous-titre de l’ouvrage est « Chronique d’un juge du droit d’asile« . Yves Medina, magistrat honoraire à la Cour des Comptes, a présidé durant 5 ans, une formation de jugement de la Cour Nationale du droit d’Asile (CNDA). Dans un livre coup de poing,  Ils demandaient  l’asile sous-titre Chronique d’un juge du droit d’asile,(édition Temporis), il nous livre son expérience à travers dix fictions réalistes qui nous permettent de toucher du doigt la réalité de la justice du droit d’asile . Nous voyageons à travers dix pays, de la Somalie à la Tchétchénie, du Sénégal à la Kabylie. Nous découvrons les parcours compliqués de ces demandeurs d’asile mais aussi la complexité du travail du juge confronté à des histoires reconstituées, à des récits souvent vrais mais parfois totalement faux, écrits et téléguidés par des associations engagées pour mieux les adapter aux subtilités de notre droit et à ses lacunes.

Yves Medina nous offre, à travers ces situations souvent tragiques, un panorama peu réjouissant de notre humanité. « Est-ce ainsi que vivent les hommes » est-il écrit en exergue du texte. Les parcours de toutes ces personnes sont plutôt déprimants et augurent mal de l’état du monde. Où l’on comprend mieux pourquoi tous ces gens veulent rejoindre nos pays. Ce rappel est salutaire.

Il sait très bien faire valoir les interrogations du juge, ses hésitations,  les difficultés pour apprécier les situations, les contraintes liées aux directives reçues et à la nécessité de juger de plus en plus vite, avec le côté frustrant que cela emporte et la dégradation du service que cela entraine. 

Ces histoires sont vivantes, variées, et illustrent très bien la variété des cas qu’il a dû rencontrer.

L’auteur a eu le souci de varier les présentations pour ne pas lasser le lecteur en suivant un même schéma pour chaque cas.

Les informations qu’il livre amènent à réfléchir, et c’est bien là l’essentiel, en nous confrontant chacun aux destins de ces hommes et de ces femmes et en réfléchissant aux positions que, en conscience, nous aurions été amenés à prendre. Le dernier chapitre, sans concession, lui permet de livrer le fruit de son expérience de ces 5 ans. La CNDA, se demande-t-il, est-elle devenue, quand on considère la statistique des décisions rendues, une fabrique de sans-papiers ?

Un livre court, au cœur de l’actualité, qui devrait intéresser un large public, motivé par ces sujets brûlants alors que le Parlement s’apprête à examiner un nième projet de loi sur l’immigration.

credit photo : usine nouvelle.com

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Patrice Obert