Ed Arènes – 2021
Trois femmes qui prennent la parole ! Trois ministres du culte, l’une rabbin, l’autre imam, la troisième pasteure ! Voilà qui mérite en soi l’attention.
C’est à l’initiative de Jean-Baptiste Bourrat, des éditions Arènes, à la suite d’une interview à Radio-Beur que ce projet est né. Les trois femmes ont passé huit jours ensemble chez lui, ont discuté et ont mis en forme avec l’aide de Nicolas Torrent.
Il en résulte un livre articulé en 7 chapitres, du JOUR 1 au JOUR 7. Le premier jour permet de présenter les auteures, toutes trois nées dans les années 70. Deux sont divorcées. Elles présentent leur parcours et leurs engagements.
Les 6 autres jours sont consacrés à un thème, dans un ordre un peu surprenant et parfois redondant. Ainsi : Jour 2 Le patriarcat, Jour 3 Les principaux piliers de chaque religion, Jour 4 Féministes ou pas, Jour 5 Le corps, Jour 6 L’approche historico-critique des textes, Jour 7 le sacré. Chaque chapitre fait environ 25 pages sauf celui relatif aux fondements (50 pages).
Evidemment, le sujet des liens entre les femmes et les religions est longuement débattu. Ainsi, pour elles, les religions sont un cadre propice à la révolution féministe (p128, 130), même s’il y a encore du chemin à parcourir. Elles considèrent qu’il existe un lien entre le sort des femmes et l’avancement des droits humains et des libertés fondamentales dans une société (p52).
Elles évoquent chacune de grandes figures féminines qui les ont inspirées : Régina Jones ( p41) pour F Chinsky, qui cite toutes les femmes devenues rabbin en France, Elisabeth Schmidt pour E Seyboldt (p35), et Amina Waoud (américaine) et Sharin Khankan (danoise) pour K Bahloul.
F Chinsky définit le judaïsme à, travers l’humour, les Actes et l’Etude, E Seyboldt insiste sur l’espérance chrétienne, K Bahloul définit l’islam dans un premier temps par ce qu’il n’est pas (ni la charria, ni le foulard) pour développer ensuite les 5 piliers de l’islam et la Soumission à Dieu comme une confiance et un abandon serein à Sa volonté.
K Bahloul souligne combien le corps de la femme a constitué et continue à constituer un problème (p 139 et s). E Seyboldt souligne (p 164) qu’il y a confusion entre pulsion, désir et amour. Toutes les trois sont d’accord pour mettre en avant la liberté et la responsabilité, ainsi que le respect dû à chacun.
Seul point de divergence qui apparaît : l’articulation/la chronologie entre les trois religions et le sens de l’évolution du monothéisme (p 84 et s).
On s’amusera enfin à lire l’Epilogue dans lequel elles racontent comment elles ont fini par se mettre d’accord sur le titre du livre : Des femmes et des dieux. Rien d’évident, en effet, dans ce titre où les pluriels, les minuscules et majuscules ont été pesés avec attention !
Une démarche intéressante, vivifiante, symbolique qui appelle des développements et des approfondissements.