Labor et Fides 2020
Je n’avais jamais imaginé combien la pensée et les combats de Bartolomé de Las Casas, qui vécut de 1484 à 1566 et milita continuellement pour la dignité des peuples du nouveau-monde, notamment les Indiens d’Amérique du Sud, revêtaient de nos jours une actualité brûlante, en cette période où les débats post-coloniaux et la montée en puissance du « Sud global » éclairent d’un jour nouveau cette période si particulière de l’extension européenne du 16ème siècle.
J’avais bien quelques souvenirs de la fameuse controverse de Valladolid, mais je n’avais pas réalisé les débats violents, argumentés, philosophiques, qui opposèrent, sous les yeux d’un Charles Quint intéressé mais soucieux de l’arrivée de l’ «or du Pérou », les plus grandes sommités ecclésiastiques et intellectuelles de l’Espagne du Siècle d’or.
C’est une page essentielle de la colonisation qui est ainsi éclairée. Il est passionnant de comprendre que, tant les Grecs vis-à-vis des barbares, que les Espagnols vis à vis des Indiens, chaque peuple dominant cherche à justifier son hégémonie par des arguments raisonnés. Passionnant aussi de découvrir que tous ces échanges se déroulent sous la haute magistrature des papes.
Mariano Delgado, doyen de la faculté de théologie de Fribourg, fin érudit italien au français limpide, a raison de signaler que « la défense des droits des peuples amérindiens ainsi que de l’unité et de l’égalité de la famille humaine fait de Bartolomé de Las Casas un « précurseur à la fois du Concile Vatican II et du monde postcolonial et mondialisé de notre époque ».
Je recommande vivement ce livre très pédagogique et passionnant.
crédit photo Zinn Education Project
Merci de nous rappeler que nous pouvons être fièr.es de certains grands catholiques. L’Eglise n’a pas eu que des errements.
C’est l’occasion de relire le roman de Jean-Claude Carrière ou de revoir le téléfilm avec Marielle et Trintignant, pour comparer avec la monographie que tu recommandes.