A la demande de Michelle Schitter, pour son FIL DE SOI, vingt lignes sur la « transformation »

A la demande de Michelle Schitter, pour son FIL DE SOI, vingt lignes sur la « transformation »

Le voyageur qui vient au monde ignore qu’il porte comme tout bagage

Que des cadeaux tombés d’avant,

Cadeaux transmis par les générations de ses parents et aïeux

Cadeaux transmis par la longue chaîne des humains s’enracinant dans la nature

*

Ce voyageur, cet exilé devrais-je dire, se met en quête de sa vie

Empruntant les deux formes de voyages qui s’offrent à lui :

Partir au loin pour ne plus revenir comme Abraham quittant la Chaldée pour la terre promise

Partir au loin pour mieux revenir comme Ulysse bravant tous les dangers afin de retrouver Ithaque, son île, sa femme et son fils

*

Ainsi en est-il de chacun de nous

Nous prenons conscience au fil de la vie de ces chemins qui nous traversent, plus que nous ne les empruntons

Nous subissons des épreuves que nous considérons comme insupportables, alors même que le destin nous les rend supportables

Nous subissons des coups du sort qui nous révoltent et font dérailler nos plans méticuleux

*

Nous grandissons en réalisant combien nous sommes petits

Faut-il persévérer et résister à la tentation de l’abandon et ainsi forcer la réalité ?

Faut-il laisser tomber en constatant avec fatalisme que telle route se ferme devant nous ?

Faut-il vouloir gagner sa vie au risque de la perdre ? Mais que signifier ici gagner ou perdre sa vie ?

*

Arrivés près du terme de l’existence, nous regardons avec étonnement ce qui fut notre vie.

Heureux celui qui peut prétendre comprendre la sienne ! Je l’envie.

Certains prétendent (c’est la voix dominante) qu’on « refait sa vie ». Las, nous la poursuivons, tant bien que mal, charriant sur nos épaules le poids de nos expériences, les cicatrices de nos regrets et de nos remords

Incapables de revenir à Ithaque, car où est Ithaque ? Ni d’atteindre la Terre promise, où se cache-t-elle ?

Voyageur inlassable métamorphosé par le temps, peut-être conscient, au dernier souffle, d’arriver enfin au bout du voyage, sans bagage, pour se rassasier de Son visage.

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Patrice Obert