Nous ne savons plus croire, de Claude Riquier

Nous ne savons plus croire, de Claude Riquier

Desclée de Brouwer, 2020

 L’ouvrage est épais et, dans certains passages, difficile, disons-le. Mais le projet est passionnant et il nous enseigne une vérité majeure pour comprendre le monde d’aujourd’hui. Le projet : écrire une histoire de la foi et du doute du 16ème siècle à nos jours en nos pays d’Europe. La démarche consiste à choisir 4 figures, Montaigne pour le 16ème siècle, Descartes pour le 17ème, Nietzsche pour le 19ème, Sartre pour le 20ème, en s’interrogeant sur deux figures contemporaines d’une époque agnostique, Emmanuel Carrère et Gianni Vattimo.  A chaque foi, Camille Riquier distille l’équation qui définit le siècle : foi faible/doute fort pour le 16è, foi forte/doute fort pour le 17è, doute faible/foi forte pour le 19è. Notre époque, pour Camille Riquier, se définit par une foi faible et un doute faible et un athéisme évident mais mou. Le doute s’invite partout. Quelle est la vérité qui nous révèle le secret de notre époque ? Elle est double : d’une part notre époque s’est jetée dans les bras de la science en oubliant la leçon de Descartes qui la fondait sur Dieu. De-là, l’appel à « refaire Renaissance » porté par Emmanuel Mounier dans les années 30.  D’autre part, lire notre époque d’athéisme naturel comme un passage obligé de l’humanité. « L’acquis de l’athéisme est définitif… afin que resurgisse après l’épreuve, plus vive encore, la « foi qui mérite de survivre ».

Deux petits regrets :  la vision occidentalo-centrée nomme à peine les surgissements religieux qui nous viennent d’ailleurs et qui, de nos jours, conduisent les croyants à converser ; comment ne pas percevoir, sous le béton d’un agnosticisme tiède, les pousses innombrables d’une recherche de spiritualité qui fendillent le matérialisme ambiant et dessinent les nouveaux contours d’un combat spirituel plus vivace que jamais ?

Photo collègedesbernardins.fr

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Patrice Obert