Le devoir d’espérance, de Yann Boissière

Le devoir d’espérance, de Yann Boissière

Plon 2024

 Le rabbin Yann Boissière se demande quelle est notre crise spirituelle. Il y répond en page 82 : c’est l’épuisement du projet moderne, pensé comme la domination de la nature par l’esprit (au sens « mental » et non « spirituel).

Il décrit dans son ouvrage tous les aspects de cette crise spirituelle : la destruction de l’intimité, la fin de l’individu unifié, notre incapacité à la limite, la crise de notre rapport au temps, notre incapacité à répondre à la question du sens.

 J’ai l’habitude d’énoncer autrement ce diagnostic : Nous vivons la fin de la modernité technicienne née dans les plis de la pensée du 17ème siècle, qui avait eu l’intuition que la Nature s’écrivait en langage mathématique. Cette pensée, née en Europe et diffusée par l’Occident, s’est répandue dans le monde entier et a permis des progrès majeurs en matière d’espérance de vie, de progrès médicaux, de confort matériel. Mais elle aboutit à des impasses : crise écologique qui remet en cause l’humanité, crise de l’individu qui ne voit plus que lui-même au détriment du collectif, crise de la financiarisation de l’économie qui transforme tout en équivalent dollar. »

Comment dans ces conditions retrouver l’espérance ? Yann Boissière nous propose dans la troisième partie de son livre un détour par cinq respirations qui s’adossent chacune à la Bible : la conscience et l’intériorité ; se réinventer ; faire ou savoir ; de la colère à la bénédiction ; le sens.

C’est dans sa conclusion qu’il nous livre sa conviction. La vraie question, dit-il, est la suivante : Quand cesserons-nous de produire le monde, pour l’habiter un peu ?

Autrement dit, comment retrouverons-nous le sens de ce monde qui nous est confié, la verticalité qui nous tire vers le haut, la source qui est le point intérieur qui nous délivre de nous-mêmes, autrement dit les éléments qi définissent les contours de la crise spirituelle que l’auteur cherche à définir dans la seconde partie ? Notre espérance, selon lui – mais comment ne pas être d’accord ? – est de « ralentir, cesser, regarder, méditer, se relier, aimer… nous ouvrir à la saveur du monde et au bonheur d’être ensemble ».

On ne peut qu’être sensible à son interrogation et à sa démarche. Ainsi, avec plusieurs associations, nous sommes-nous interrogés en avril dernier sur « les sources et ressources spirituelles de l’Europe ». Une autre question serait de savoir comment les anciennes civilisations et sagesses pourraient féconder la civilisation occidentale et l’héritage monothéiste, afin de donner naissance à un universalisme respectueux de tout humain et de l’humanité.

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Patrice Obert