Sauver l’Europe – de Hubert Védrine

Sauver l’Europe – de Hubert Védrine

Edition Liana Levi – 2016

Le livre est court (93pages) et se lit d’une traite comme une évidence. Il s’organise en 3 chapitres :

 Un décrochage manifeste des peuples :

Il se manifeste par une fragilité interne et une ingénuité extérieure et s’est traduit par une série d’avertissements (de Maastricht au brexit). Ca continue à fonctionner mais la désillusion est grande.

De mauvaises réponses à une crise existentielle :

Ces mauvaises réponses vont de « pas de réponses » à « plus d’Europe dans une fuite en avant » à « recentrer l’Europe ». Le diagnostic de H Vedrine est plus radical. Il ne s’agit pas de relancer mais de « rétablir le lien entre élites et populations » ( p 39), autrement dit « de sauver le projet européen, le libérer du dogme européiste et le repenser » (p40)

Sauver le « projet européen » :

H Vedrine cite les déclarations faites à la fin des sommets de Bratislava (septembre 2016) et déjà Laeken (décembre 2001) qui témoignent de la prise de conscience finalement assez précoce de l’ampleur du problème. Mais rien n’a suivi. Sa thèse est exprimée pages 50 : « L’idée est que les gouvernements les plus déterminés reprennent la main et convoquent une conférence refondatrice qui aurait à fixer les contours d’une nouvelle subsidiarité…. pour assurer la pérennité du mode de vie européen dans le monde de demain » et se poursuit page 73 « par mode de vie, j’entends un certain équilibre entre individu et groupe, liberté et organisation, protection et expérimentation, équilibre propre aux sociétés européennes actuelles. Et bien sûr la maîtrise raisonnable des technologies ainsi qu’une action continue pour que la planète demeure habitable ».

 De là, une proposition en trois temps : pause brève pour marquer la volonté d’écouter les peuples, conférence refondatrice avec les Etats volontaires passant par un bilan, une clarification du rôle de la Commission, la définition limitative des domaines d’interventions de l’Union Européenne. Ces points-clés constituent les rubriques  que H Védrine aborde ensuite :

  1. La subsidiarité , afin de ramener la commission à sa mission d’origine « extranationale » et non « supranationale »
  2. Une Union de la sécurité : « accueillir peu de personnes, à un rythme échelonné dans le temps est faisable. Mais si des afflux considérables et brusques interviennent, qu’il s’y mélange demandeurs d’asile et immigrants, le système d’accueil et de contrôle disjoncte ». D’où la nécessité d’ »un Schengen qui fonctionne ».
  3. Une Europe-puissance : « une Europe pacifique – pas pacifiste – et respectée est nécessaire. » avec un développement sur la défense européenne et la mention  de la proposition faire en octobre 2016 par la fondation Robert Schuman d’un traité France/Allemagne/Angleterre dans le cadre de l’OTAN.
  4. L’harmonisation fiscale, qui passe par un compromis politique franco-allemand

La refondation (troisième étape) passerait par  un référendum le même jour dans chaque Etat membre s’étant associé à la démarche.

H Vedrine revient à la notion de Jacques Delors d’une « Fédération d’Etats –nations » et à une approche par projets et consacre les dernières pages au pivot indispensable que constitue la relation franco-allemande.

 Ce que dit Hubert Védrine relève  d’une forme d’évidence. On peut regretter son jugement rapide (p 19 et 81) sur une Europe sociale illusoire. Cette position me semble contestable puisqu’elle rejoint directement cette idée du « mode de vie », de « cette douceur de vivre » caractéristique de l’Europe. Comment réconcilier les européens et l’Europe sans leur parler de leur vie au quotidien. Il y a là une vraie faiblesse.

On peut aussi rapprocher ses positions de celles que les Poissons Roses développent pages 32-34 et pages 90-97 de leur manisfeste A CONTRE COURANT ( Ed. le cerf).

 Sinon, comment ne pas être d’accord avec lui. Il reste un point majeur, à savoir l’émergence  en France et en Allemagne de responsables politiques élus conscients de cette impérieuse nécessité et  convaincus d’agir vite et fort pour réinventer l’Europe. Nul doute que le Poisson rose que je suis mettra cette détermination européenne comme le premier de mes critères de choix lors des prochaines présidentielles.

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Patrice Obert

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