regard d’un occidental sur « religions et nature », de Patrice Obert

regard d’un occidental sur « religions et nature », de Patrice Obert

« Dans le cadre d’un Jeûne pour la terre en solidarité avec le sommet de Rio + 20 », jeûne qui a eu lieu du 20 au 22 juin 2012 à la crypte de l’Eglise Notre Dame de la Croix de Ménilmontant 2 bis rue d’Eupatoria 75020, le mouvement naissant « Chrétiens unis pour la Terre » a invité tous les croyants et non-croyants à se joindre à eux pour un temps inter tradition le mercredi 20 juin 2012 à 20h30 au même lieu.

Introduction par Patrice Obert, président de La Fontaine aux religions. 

Plan de l’intervention

Religions et Nature – regard d’un occidental

1 Nous vivons une situation très paradoxale

2 Avant l’intervention du monothéisme, les humains ont eu trois attitudes  vis-à-vis de la Nature :

  • soit une attitude de peur : la nature vue à travers ses manifestations, ses forces.  Souci d’apaiser ces forces et de se les concilier par des sacrifices ( cf l’animisme)

·         Soit une attitude d’observation : les grecs. La nature  s’impose aux dieux comme aux hommes.  L’idéal de la vie est de rechercher la beauté, la perfection dans le respect de la mesure. L’humain, qui prend conscience de lui-même, observe cette nature et la mesure. Le grec est un géomètre.

·         Soit une attitude de contemplation : l’Orient et ses sagesses, en référence à une vision harmonieuse du cosmos, fondée sur la complémentarité des forces positives et négatives, et sur le passage d’un état à l’autre  dans la poursuite d’équilibres et d’harmonies. L’humain trouve sa place dans le cosmos dont il est une partie.(cf les peintures chinoises)

(à la mesure de la distance entre la Terre et le soleil par le grec, répondent l’invention de la boussole et la compréhension du phénomène des marées par le chinois)

3 L’intervention du prophétisme hébreu crée une rupture. L’univers est créé, il a un début, il aura une fin, il a un sens. L’humain est aussi créé par Dieu. Il reçoit de Dieu le pouvoir de nommer la nature, tandis que Dieu lui propose une Alliance. Par ailleurs le Dieu juif peut être considéré comme un Dieu abstrait, au nom imprononçable, qui crée l’univers selon des lois inconnues des humains.

4 L’Occidental,- que je définis comme l’homme de la synthèse gréco-romaine fécondée par le monothéisme, par chacun des monothéismes, chacun à sa façon -, prend progressivement conscience de cette situation : créée par Dieu, la nature n’est donc pas Dieu, elle n’est pas sacrée. S’il découvre les lois qui ont présidé à sa création, l’humain devient le maître de la nature. C’est le 17ème siècle avec cette phrase de Galilée « la nature est écrite en langage  mathématique ».  Depuis la Renaissance, l’Europe, puis la civilisation occidentale, puis aujourd’hui l’humanité entière sous l’effet de la mondialisation, se sont rendus maîtres de la nature, une nature que l’on analyse, modifie, répare, reproduit, remplace. (50% des produits qui seront utilisés dans dix ans n’existent pas encore).Nous vivons encore dans ce cycle. Sans doute en fin de ce cycle.

5 Il y a,  depuis une cinquantaine d’années, une prise de conscience dans les pays industrialisés, occidentalisés, des méfaits de l’activité humaine sur la nature. La notion d’ « empreinte écologique » traduit le fait que nous exploitons la nature au-delà de ce qu’elle peut supporter

6 C’est là que peut se formuler le paradoxe qui est le nôtre : l’écologie est un mouvement né en Occident  alors même que l’exploitation de la Nature n’a été possible dans la conscience des hommes, qu’en Occident. Et cela au moment même où les pays émergents d’Orient et d’Asie ne s’appuient plus sur leur propres traditions pour contester le modèle occidental mais se sont au contraire lancés dans un rattrapage suicidaire de notre niveau de confort matériel

7 Nous avons donc devant nous un double travail :

·         Relire  nos propres fondements en ré-interprétant  le « dominez le monde » de la Bible et  sans doute certains passages du Coran  pour réapprendre ce que veut dire être co-créateur du monde, c’est à dire traiter la Nature comme un cadeau qui se reçoit et non comme un gain que l’on prend

·         Inviter nos partenaires des traditions non monothéistes à relire leurs propres sources pour éviter qu’ils empruntent, en pire, notre chemin qui mène à une empreinte écologique insupportable pour l’ensemble de l’humanité.

8 D’où l’importance du dialogue interreligieux  et interculturel dans la prise de conscience, ici et là-bas, de l’urgence de la révolution écologique. La Modernité, notamment en ce domaine, a besoin du décentrage spirituel que les religions peuvent lui apporter.

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Patrice Obert

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