Le travail invisible – de Pierre-Yves Gomez

Le travail invisible – de Pierre-Yves Gomez

François Bourin éditeur – 2013

Il est des livres dont on sort enrichi « Le travail invisible »   en fait partie.

L’ouvrage se compose de 16 chapitres, une conclusion (non nommée comme telle) et un épilogue.

En fait, les 14 premiers chapitres suivis d’un intermède constituent une première partie qui pourrait s’intituler « diagnostic sur la crise actuelle ». Les deux chapitres 15 et 16 apportent des propositions de réponse au niveau de l’entreprise. Ce qui sert de conclusion traite en quelques pages (p 239 à 245) des réponses globales à apporter à la financiarisation de l’économie.

 Un diagnostic lumineux.

En page 136, P-YG indique « De fait, aucune analyse de la crise n’est convaincante si elle ne prend pas en compte l’économie de la rente de masse dans son ensemble… La rente de masse, cette généreuse promesse faire au plus grand nombre de pouvoir vivre un jour du travail des autres [est] à l’origine de la financiarisation de l’économie, de la pression des marchés, de la frénésie de l’innovation et de la dictature du profit ». Il pourrait ajouter, en rejoignant Michel Serres dans « la petite Poucette « d’une civilisation de la norme ». Quelques lignes plus loin, il ajoute « Chacun cherchant à vivre aux dépens de tous, elle [l’économie de la rente de masse] a réalisé l’auto-exploitation de tous par tous ».

Notre vie s’allonge. Notre vie active s’encadre dans une période de plus en courte relativement à cette espérance de vie.  Le temps de travail diminue. Les données sont rappelées p 19 « Nous produisons trois fois plus en travaillant deux fois moins ». Dans ces conditions, la société aspire – chacun de nous aspire – à pouvoir bien vivre durant cette période d’inactivité professionnelle de plus en plus longue.  S’est donc mise en place une économie de la rente de masse qui vise à assurer un revenu à tous ceux qui ne produisent pas (jeunes, chômeurs, retraités).

De ce constat assez simple, P-YG débobine le fil. Je le résumerais à ma façon ainsi : Nous cherchons tous à préparer ce temps d’inactivité en plaçant nos petites économies. Toutes ces économies mises bout à bout finissent par constituer des sommes colossales. Les fonds de pensions étant devenus indépendants et les marchés boursiers ayant été libéralisés (chapitre 2), ces sommes cherchent à se placer au mieux afin d’assurer aux épargnants ce retour qu’ils attendent et qu’ils vivent comme une promesse. Face à cette capacité fabuleuse de financement, les entreprises ont fait les yeux doux pour devenir les plus attirantes et capter ces capitaux volatiles en :

  • grandissant : ch 3 sur la fabrique des géants (p 47 : en 2013, 264 entreprises en France produisent 34% du PIB et emploient un français sur 3)
  • développant l’innovation (ch 5 -p 65 : entre 1950 et 2000, le nombre de brevets de recherche déposés annuellement dans le monde a été multiplié par 250) entraînant le processus de la destruction-créatrice
  • cherchant à apparaître les plus sûres aux yeux d’une nouvelle oligarchie financière qui s’est développée :
  • le management traditionnel reposait sur le secret. Désormais, il faut être le plus transparent possible p 113
  • le management moderne doit être capable de se comparer, d’où le recours à une normalisation générale (avec tout ce qui s’ensuit : contrôle de gestion, objectifs, tableaux de bord…) p 109
  • l’ingénieur a laissé la place au comptable transformé en contrôleur p109
  • le travail réel est devenu invisible car il a été assimilé à sa contribution au profit : p 107 (puis chapitre 11, 12, 13 et 14)

L’oligarchie financière qui est devenue la nouvelle élite a pour mission de trouver les placements les plus sûrs. Elle met en compétition les entreprises, cherche à disposer d’outils de comparaison commodes et fait monter les enjeux en se livrant à une spéculation effrénée (ch 4, p 51 et s). P 60 : « alors qu’on estimait les mouvements spéculatifs à 5% des transactions boursières en 1974, ils en représentaient plus de 60% à la veille de la crise de 2007 ». Ceci se développe à travers le phénomène de l’imitation (René Girard n’est pas cité mais il est derrière cette analyse). P 57 : « Le mimétisme généralisé est le moteur d’une mécanique de croissance originale fondée sur une compétition toujours renouvelée pour capter des ressources et en priver d’autres, aiguillonné par l’idée que l’on croit que les marchés se font de ce que l’on doit être ».  Cette oligarchie financière a fait les mêmes écoles, croit aux mêmes credo, diffuse à travers les busines school les mêmes préceptes et participe sans s’en rendre compte à une « économie de miroirs et de spéculation » p 144, en développant un langage codé qui transforme les activités physiques en «ratios, normes et classements » p 91. Inutile d’insister sur l’augmentation vertigineuse des écarts de revenu ( p 78)

Voilà ce qu’est la financiarisation de l’économie.

Elle emporte plusieurs conséquences :

  • Ceci s’est mis en place sans complot, p118 « en cohérence avec les attentes de l’économie de rente de masse… juste le développement d’une logique socio-économique qui ne s’est opposée à aucune résistance ».    p 61 : « régulation insaisissable par le marché, imitation décuplée sans centre, sans visage, sans esprit et néanmoins terriblement efficace ».
  • L’opposition frontale entre actionnaires et salariés a vécu –(p99) puisque « l’épargne des ménages constitue, de manière indirecte, l’actionnariat de masse des grandes entreprises »
  • Sur le partage de la valeur ajoutée. Sans citer Pierre Larrouturou, J-YG rappelle que la part des dividendes (part des profits versés aux détenteurs d’actions) est passée de 7% à 15% après 1980.  P 100 : « cela signifie que ce sont les actionnaires qui ont bénéficié le plus largement de la diminution de la part des salaires dans la valeur ajoutée »…, « Les dividendes ont donc financé la rente présente ou future des ménages, la diminution de la part des salaires dans la valeur ajoutée traduit finalement la financiarisation d’une partie des revenus des ménages, notamment des ménages moyens »  Il aurait pu ajouter que ceux des ménages qui ne sont pas en mesure d’épargner ont donc subi la double peine : chute des salaires, absence  d’intérêts.
  • Le déplacement de la fracture politique et sociale (p103) Elle ne se situe plus entre les actionnaires et les autres parties prenantes de l’entreprise, comme on continue trop souvent à le dire, mais entre l’oligarchie financière et les autres.
  • L’endettement change de nature : il n’est plus un excès condamnable mais « la conséquence logique du raccourcissement des cycles de production et de l’obsolescence accélérée des produits » p 130. P-YG cite à ce propos la phrase de l’éditorialiste du Daily Reckoning « Toute l’économie mondiale dépend du consommateur ; s’il cesse de dépenser de l’argent qu’il n’a pas pour des choses dont il n’a pas besoin, nous courons à notre perte » p130[1] .
  • P 105 « Le profit est le marqueur principal, le plus commun dénominateur de ce langage chiffré. Il est construit par les normes et les choix comptables ». Mais surtout, les taux de profit sont désormais imposés par l’oligarchie financière aux exécutants que sont les entreprises, qui doivent s’adapter. Qui, quel que soit le lieu de son travail, n’a pas eu à subir cette nouvelle loi ?

Les impacts sur le travail sont largement développés dans les derniers chapitres du diagnostic, au point d’ailleurs de donner son titre au livre « le travail invisible ». Pourquoi P-YG donne-t-il tant de place à l’évolution du travail ? C’est là qu’il voit le vrai révélateur de la crise économique que nous vivons, dans le fait que « à la fin des années 2000, le travail [a cessé de] produire de la richesse et d’alimenter l’économie de rente » p 186.

S’ensuit une passionnante analyse de ce qu’est le travail à partir  d’une double lecture:

 Première lecture (ch 12) : P-YG étudie la notion de travail chez Hanna Arendt (qui oppose l’œuvre au travail) et chez Simone Weil (qui prône un travail authentique, libérateur) cf p 166 la présentation synthétique de ces deux approches

Deuxième lecture sur les trois dimensions du travail (ch 13) :

  • Le travail subjectif : celui fait par chacun et qui appelle une reconnaissance
  • Le travail objectif : celui qui réalise un objet ou service, et qui cherche à atteindre une performance
  • Le travail collectif : celui qui repose sur la solidarité

Or l’économie financiarisée a survalorisé le travail objectif. Il n’y a plus de reconnaissance ; le respect de la norme et l’optimisation du rendement ont enlevé tout élément créateur à la réalisation de la performance. La solidarité s’est muée « en une simple dépendance technologique » (p190). Il ajoute p 192 « l’économie financiarisée a produit des travailleurs si anxieux de leur devenir qu’ils rêvent de revenus… déconnectés de leur travail ». Les travailleurs sont épuisés (p193) alors même que la durée de travail baisse.

Or, les managers n’ont rien vu :

  • Ils sont eux-mêmes devenus des dévots de la norme et du chiffre, perdant la vision de l’économie réelle p 193
  • Ils sont débordés, ne connaissent plus leurs collaborateurs
  • Ils ont obligé les managers intermédiaires qui passent désormais la moitié de leur temps à alimenter les systèmes d’information et de pilotage p 194
  • Les systèmes d’information font écran p197. Ils se complexifient et représentent une part croissante de la richesse produite p 198

*

Des propositions principalement centrées sur l’entreprise

On aurait pu s’attendre que, face à tel diagnostic, P-YG nous présente des solutions générales, macrosociales et macroéconomiques de « reconstruction » et de « transformation » de la société. Tel n’est pas son choix, sans doute parce qu’il connaît bien l’entreprise et qu’il développe depuis des années l’idée que l’entreprise est l’acteur de structuration principal de la société démocratique libérale (cf. son précédent ouvrage, « L’entreprise dans la démocratie ») – c’est donc là qu’il faut agir principalement. Par ailleurs, cette position est cohérente avec la thèse du livre qui consiste à centrer les propositions sur la question du travail en entreprise, puisqu’il défend l’idée que c’est l’oubli du travail réel dans l’entreprise qui est la cause profonde de la crise, en tout cas, c’est lui qui est à la base du pouvoir de domination des financiers.

Que propose-t-il ?  « votre métier », dit-il en s’adressant à des étudiants qui deviendront de futurs managers « consiste à faire du travail, sous toutes ses formes, la source de création de la valeur économique. C’est votre futur boulot » p 206.

Dans cet esprit, il propose :

  • De soigner le travail subjectif en reconnaissant la gratuité p 208 et s, la liberté de s’organiser par l’absence de contrôle tatillon p 213
  • De soigner le travail objectif en redonnant du sens au travail, de telle sorte que chacun se sente utile.
  • De soigner le travail collectif, en redonnant la fierté p 218

Il évoque toutefois la définanciarisation de l’économie (titre du chapitre 23) mais bien rapidement

car cette « définanciarisation » de l’économie ne se fera pas au terme d’une « politique », pas plus que, comme il l’a montré dans la première partie du livre, la « financiarisation » n’ a été le fruit d’une « politique » délibérée, mais plutôt de l’accumulation de « petites décisions » qui ont fini par réaliser non seulement le système mais aussi le cadre de lecture du système.

 Ceci passe pour lui par :

  • Observer le travail réel (exercice qu’il met en pratique comme enseignant avec des groupes formés à ce dessein).
  • Appliquer la subsidiarité, c’est-à-dire une délégation de pouvoir de bas en haut « c’est-à-dire de la capacité d’action immédiate et efficace des travailleurs qui doit être la plus large ossible, vers la capacité d’action déléguée à un niveau supérieur, plus compétent pour améliorer le travail ». p 227
  • Appliquer la codétermination, p 230, laquelle est, précise-t-il, la traduction exacte de Mitbestimmung (et non cogestion comme on dit souvent). On confond souvent en France codétermination (association du capital et du travail au contrôle de l’entreprise) et la cogestion (association aux décisions de management de l’entreprise). Il n’y a pas de cogestion en Allemagne et il n’y en a jamais eu mais de la codétermination (généralisée depuis la loi de 1976).
  • Ouvrir les yeux parce qu’il n’y a pas de changement possible sans un regard nouveau qui permette de voir ce que l’on ne voit pas (encore).

Il indique toutefois que « tout cela n’est que du bon sens, qui ne suffira pas ». p234, même s’il croit au bon sens (common sense)

Disons que nous restons sur ce point un peu frustré.  Ce n’est que dans les dernières pages qu’il revient à ce qui aurait pû être le cœur de ses propositions, à savoir « que devient la rente de masse ? » p 239 et s… Que dit-il ?

  • La promesse d’élargir l’assiette des revenus obtenus sans travailler ne sera pas tenue p240
  • Le rôle ingrat du politique est de le dire aux citoyens p 240
  • L’urgence est d’organiser les nouvelles solidarités qui permettront de rendre supportables les choses pour les plus vulnérables p240

Il conclut en pariant que l’économie du travail vivant s’imposera :

  • Parce que des initiatives locales feront évoluer les pratiques et les organisations
  • Parce que la concurrence des pratiques jouera
  • Parce que des « politiques et des gestionnaires éclairés » accélèreront le processus

Tout ceci relève davantage du vœu pieu…hélas ! même si on ne peut que saluer sa modestie et son souci de ne pas nous faire croire à de grandes réformes politiques qui ne seraient que des solutions magiques.

*

Commentaire

 Le diagnostic de P-YG nous a passionné. Son souci de rester centré sur le thème principal de l’ouvrage, à savoir le travail, nous laisse espérer qu’il écrive un autre livre, qui serait consacré à la sortie de la rente de masse.

 Revenons au coeur de son analyse. La financiarisation de l’économie est le résultat de plusieurs facteurs : d’une part l’allongement considérable de la durée de vie improductive, d’autre part l’espoir de pouvoir vivre de rentes une longue partie de sa vieillesse, enfin des mécanismes qui ont permis de financer la rente de masse par le profit des entreprises, puis par la spéculation sur le profit des entreprises. Là est le cœur du mécanisme : comme on ne pouvait pas payer la rente de masse par le seul revenu des travailleurs en activité (sans les appauvrir), on l’a payée par la spéculation sur l‘accroissement du revenu des entreprises : c’est la   « financiarisation».

Face à chacun de ces énoncés, nous souhaiterions avoir ses propositions.

1° L’allongement considérable de la durée de vie improductive

  1. L’arrivée sur le marché du travail est de plus en plus tardive. Faut-il en prendre acte ? faut-il se satisfaire d’un système qui « puérilise » nos jeunes en les installant dans une dépendance matérielle qui se répercute sur leur vie sociale ? Ou est-il envisageable de revenir en arrière ? En développant vraiment l’apprentissage ? En réorientant le système éducatif vers des métiers demandeurs de main d’œuvre, en cassant ce besoin déraisonnable de formation à bac + 5 pour des emplois qui n’exige pas de qualification abstraite ?
  •  La formation des jeunes n’est souvent pas adaptée aux besoins du marché. Comment retrouver un équilibre formation/emploi ? est-ce en réorientant l’éducation nationale ? En cassant ce monopole national ? Est-ce en développant une vraie formation permanente tout au long de la vie, mais « en vrai » ?

Ces deux types de mesure devraient-ils être envisagés au niveau personnel (encourager son enfant à devenir plombier plutôt que psychologue), national ou européen ?

  • Une autre raison de l’allongement de la vie improductive est l’augmentation de l’espérance de vie. Devons-nous nous en réjouir ? Comment traiter ce sujet sensible. 

2° L’espoir de vivre de rentes pendant sa vieillesse

P-YG parie sur une vertu pédagogique. Elle n’est pas négligeable. Mais allons plus loin. Ne convient-il pas de faire valoir à nos concitoyens que, actuellement, sans en prendre vraiment conscience, « nous préférons nos retraites à l’emploi de nos enfants ». Cette question ne devrait-elle pas être posée à chacun de nous ?

3° des mécanismes qui ont permis de financer la rente de masse par le profit des entreprises, puis par la spéculation sur le profit des entreprises. Ce que des gouvernements ont fait, d’autres gouvernements ne peuvent-ils pas le défaire ? P-YG signale ainsi p 35 que c’est Laurent Fabius, Premier Ministre, qui a dérégulé le marché financier en 1985, que 3 institutions « publiques » furent le fer de lance des SICAV : la Poste, les caisses d’épargne et le crédit agricole.  Faut-il supprimer les avantages accordés à la retraite par capitalisation, remettre en cause la défiscalisation des PERP ? Ou n’est-ce qu’une question de temps ?

*

 L’approche des élections européennes sera peut-être l’occasion pour P-YG de reprendre la plume. Nous le souhaitons ardemment, tant son analyse nous a éclairés. Récit vivant, pédagogique, nourri d’exemples vécus, ce livre se lit vite et nous aide à devenir « intelligents » en prenant chacun de nous à témoin, puisque c’est à hauteur d’homme, c’est-à-dire de la personne humaine, de son expérience de vie, qu’il nous invite à raisonner. Loin des idéalisations abstraites qu’aime à imaginer la technostructure (d’où le thème récurrent et les exemples tirés de « la vraie vie » dans le livre),  il nous convainc que nous avons besoin d’un discours politique qui parle en tant qu’être humain, dans l’expérience de vie de l’être humain.

 Quelques passages succulents :

  • L’introduction avec les références à « la vraie vie »
  • Les nombreuses comparaisons de notre société avec la société soviétique qui implosa sur elle-même, notamment p 133 et 143[2].
  • La correspondance entre ce travail invisible et l’essor du web avec la prodigalité des blogs et sites où chacun contribue gratuitement sur son temps libre, p 212 et s
  • La « servitude volontaire est le paradoxe du monde moderne » et les économistes interviennent, tels des chamans, pour « interpréter la réalité confuse par une espèce de pensée magique p 123[3].
  • Sur les paradoxes de l’invocation de la liberté : p 150 : « peut-on vraiment être plus « libre » dans une société qui organise et contraint de plus en plus étroitement le travail humain ? »

PO


[1] définition qui n’est pas si loin de celle que je donne de la société de frustration p 119 de Un projet pour l’Europe : On est passé d’une société de consommation à une société de frustration, qui dénature la liberté sous couvert de liberté. La société de consommation, héritée de l’ère industrielle, fabriquait des produits inutiles pour des gens qui n’en avaient pas besoin. Aujourd’hui, la société de frustration aiguise le désir des gens en leur faisant miroiter des produits qu’elle leur donne envie d’avoir mais dont elle les prive. Elle s’alimente seule au feu de notre désir qu’elle attise sans jamais l’assouvir.

[2] Je ne peux que sourire  d’avoir fait le même parallèle dans le premier paragraphe de mon essai de 2006 sur Modernité et Monothéisme 

[3] cf mes références dans le même ouvrage  à mon chapitre 3 intitulé «  l’ordre moderne, visage magique de la Modernité »

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Patrice Obert

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